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La tourneuse de page
28 avril 2011

Lune indienne - Antje Babendererde

luneIndienne

L'histoire

Ollie a 15 ans lorsque sa vie bascule : Sa mère lui annonce qu’elle veut partir vivre dans une réserve du Dakota du Sud en Amérique pour se marier avec Rodney Bad Hand, un indien lakota. Ollie n’a aucune envie de suivre sa mère et le lui fait bien comprendre. Seul soucis : il a 15 ans et y est obligé, du moins jusqu’à ses 18 ans. C’est donc le cœur gros et la colère au ventre qu’il se prépare à tout abandonner : Berlin, ses amis et sa petite amie Nina. En signe de protestation, et pour bien montrer que jamais il n’appartiendra à la tribu lakota, il coupe ses cheveux, convaincu que les indiens portent tous les cheveux longs.

C’est donc armé de tous ses préjugés qu’Ollie arrive sur place. Il fait la connaissance de Rodney qui se montre très patient avec lui. C’est sans compter la résistance passive d’Ollie, bien décidé à effectuer chaque chose avec la plus mauvaise volonté du monde. Dans un premier temps apitoyé sur son sort, Ollie découvre peu à peul a réserve et ses habitants. Il se familiarise également avec les croyances et les étranges coutumes des Lakota Il constate d’ailleurs avec surprise que tous les garçons du coin portent les cheveux courts ! Ollie doit apprivoiser cet environnement, au fur et à mesure qu’il apprend à le connaître et à l’aimer malgré les difficultés.

Mais il doit également faire face à un autre obstacle: l’exclusion, les persécutions et la mise à l’écart donc il fait l’objet à cause de sa couleur de peau. Il est blanc. Il est étranger. Il représente de ce fait le manque de considération et les injustices dont les indiens font trop souvent les frais. Ollie doit donc combattre ces idées préconçues, les siennes comme celles des indiens de la réserve, cette grande famille solidaire qui se bat pour faire reconnaître ses droits et son identité.

 


Mon avis:


J’avais beaucoup aimé le roman Le Chant des orques, du même auteur. C’est donc avec intérêt que j’ai ouvert, Lune Indienne, paru en 2007, soit trois ans auparavant. On y retrouve le grand thème cher à Antje babendererde : la culture indienne.

L’auteure nous offre ici un roman qui nos confronte à nos propres préjugés, et je trouve que la façon dont elle a procédé est plutôt habile, assez réaliste. Pour prendre l’exemple d’Ollie ; il s’agit d’un ado sans problème, plutôt intelligent, gentil et serviable envers son entourage. Le bon petit gars, en somme. Et pourtant ; il a des idées préconçues, comme chacun de nous envers ce qu’on ne connaît pas. Et c’est normal, car, dans l’ignorance, on se figure les choses telles qu’on nous les représente, avec tous les clichés que cela comporte, avant de pouvoir les expérimenter par soi même. Ollie a donc des indiens une vision naïve et assez simpliste : des individus aux cheveux longs, vivant dans des tippis, éloignés de toute civilisation moderne…Avouez le : c’est certainement la première image qui vous vient à l’esprit, également. De même, Ollie a beaucoup de mal à se faire accepter par les ados des environs. Blanc, allemand, « Nazi »…sa couleur de peau, sa nationalité allemande forment un obstacle entre lui et les autres. Effectivement, l’intolérance et le racisme proviennent assez souvent de l’ignorance de l’autre et de préjugés, et je trouve qu’Antje Babendererde a décrit cela intelligemment.

C’est donc confronté à ses idées reçues qu’Ollie doit apprendre à faire face à l’éternel conflit indiens/blancs. Mais au fur et à mesure qu’il côtoie les habitants de la réserve, qu’il se lie avec certains d’entre eux, ses préjugés s’estompent.

Le thème de l’identité d’un peuple est également très fort dans ce roman. On y voit le combat des indiens Lakota pour sauvegarder leur identité, leur intégrité, leur patrimoine et leurs croyances dans ce monde moderne en perpétuel mouvement qui ne les reconnaît pas à leur juste valeur. Qui les met à l’écart, qui réduit leur espace au fil des années et qui leur fait subir des injustices. Avec ce constat, Ollie, prend peu à peu fait et cause pour sa deuxième civilisation. Je dis deuxième civilisation, et non civilisation d’adoption. Car Ollie choisit de cumuler les deux, de les faire cohabiter et non de trancher pour l’une des deux. Je trouve encore une fois que l’auteure a visé juste. Cette situation « pas si simple » est très réaliste. La psychologie des personnages est assez bien travaillée, chacun ayant un vécu, une appartenance à un peuple qui compliquent les choses.

En bref, Antje Babendererde nous offre ici un roman assez juste et bien mené sur la différence culturelle et les idées préconçues, juste et nuancé, sans jamais tomber dans la facilité.


Lune indienne - Antje Babendererde – Bayard Jeunesse – collection Millézime – 2007 – 345 pages – 11,90€

 

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Commentaires
L
Celui-ci me tente beaucop également ! C'est vrai qu'il n'est pas facile de ne pas tomber dans la facilité en traitant ce genre de sujets...
P
Ah il est dans ma pal depuis pas mal de temps! Ce doit être un beau roman effectivement! Il me tarde!
M
J'avais beaucoup aimé, moi aussi ! Un beau roman qui balaie les préjugés ! ;-)
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